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Un film enthousiasmant, d'origine géorgienne : Une famille heureuse

Ce film, récemment sorti en salles, et malicieusement titré "Une famille heureuse", m'a vraiment beaucoup plu.

On y suit une famille géorgienne vivant "en smala" dans un appartement ; trois générations cohabitent ainsi : deux vieux parents, leur fille enseignante d'environ 50 ans, son mari et la majorité de leurs enfants pourtant en âge d'être indépendants.

Une famille heureuse

Car c'est justement l'indépendance qui est au cœur du film : l'indépendance par rapport aux préconçus sociaux, l'indépendance par rapport aux jeux de pouvoir au sein d'une même famille, l'indépendance pour se sentir libre. Mais c'est la mère de 50 ans qui s'empare de ce combat : elle décide de ne plus vivre au milieu du maelström permanent de sa famille.

Contre toute attente, le combat est livré sans brutalité, avec douceur même, de sorte que la rupture ne signifie jamais divorce, et moins encore divorce conflictuel. Le film évite l'écueil de l'explication : cette femme à la conquête de sa liberté (telle qu'elle la conçoit intimement) garde un mystère qui n'est jamais vraiment révélé ; elle cherche un bonheur personnel qui soit sans concessions, mais aussi sans violence à l'égard des autres, notamment de ceux auxquels elle reste profondément attachée.

C'est du reste assez piquant de voir les propres enfants de la cinquantenaire, pourtant englués dans de grandes difficultés à s'envoler hors du cocon familial, prendre la défense de leur mère lorsque la plupart des plus âgés (vieille mère, frère) se montre terriblement réactionnaire face à cette situation inédite à ses yeux.

La mise en images et la direction d'acteurs, sans esbroufe ni recherche formelle ostensible, sont mises au service de l'histoire et des personnages de manière extrêmement réussie : il n'y a pas un comédien qui ne parvienne à faire croire à son personnage. La bande-son est émaillée des chants ici ou là entonnés par de viriles voix au cours de fêtes où les hommes ont ce rôle traditionnel d'assurer avec leur organe l'ambiance musicale.

Allez voir ce film si vous aimez les histoires familiales à la Sautet où, au milieu de personnages assez nombreux, certains cherchent à tisser une autre toile que celle à laquelle la plupart est comme enchaînée.

Pour aller plus loin, suivez les liens suivants :

Le film est signé : Nana Ekvtimishvili et Simon Groß. La langue géorgienne étant belle à écouter, n'hésitez pas à choisir une séance en Version Originale (les sous-titres sont très bien faits) !