---

La cuvée de septembre est formidable !

Voici trois films qui m'ont récemment enthousiasmé (ce qui ne suggère surtout pas que les autres que je ne cite pas soient moins beaux : je ne vais pas si souvent au cinéma).

Petit paysan (Hubert Charuel)
Le monde rural (petit élevage laitier) filmé au plus près : l'exploitation d'un jeune paysan est menacée par une épizootie obligeant, en vertu du principe de précaution, à abattre son troupeau dès les premiers soupçons affectant ses bêtes. Sa sœur est vétérinaire agricole et joue "l'interface" entre lui et les autorités. L'enjeu est de repousser toujours et encore l'échéance de l'abattage, synonyme de perte totale de travail, d'occupation, de revenus.
La vie quotidienne est magnifiquement mise en scène : chaque comédien joue parfaitement son rôle, les rapports entre les personnages sont toujours justes, la narration est impeccablement menée. Franchement, un film "qui fiche le bourdon", mais très très beau !
  

Ôtez-moi d'un doute (Carine Tardieu)
Les rapports filiaux sont au coeur du film : un père démineur de son métier découvre fortuitement que son propre père n'est pas son géniteur ; sa fille est enceinte d'un inconnu. Le père va tenter de reconstituer avec une délicatesse incroyable (mais burinée) sa propre filiation et pousse sa fille à rechercher le géniteur de son enfant. Comédie oblige, celui qui semble être son père a une fille médecin très séduisante malgré son comportement parfois un peu... brutal (elle a un problème avec les hommes, suggère son père) ; mais bien entendu, une idylle (chaotique) se noue entre le démineur et la jeune femme médecin AVANT que tout soit éclairci sur les relations entre les personnages. C'est drôle, sensible, jamais idiot... Sans prétention, et pourtant cela sonne juste. Le rythme de la narration, le jeu des acteurs, tout concourt à un film très réussi.
  

Faute d'amour (Andrey Zvyagintsev)
Film très dur, féroce même : il cingle le spectateur par les scènes d'affrontement entre les personnages, qui se jettent à la figure des horreurs avec un aplomb cruel, déroutant. Au milieu de cela, un enfant, à peine évoqué puisqu'il disparaît très rapidement, dépourvu de parents aimants, conscient qu'il les encombre alors qu'ils sont en plein divorce. Seuls paraissent doués de sensibilité ceux qui constituent une association de recherche des enfants disparus. L'allusion à la Russie, où se déroule l'histoire, ne me semble pas essentielle : on voit surtout une société sans amour, où les personnages sont désabusés, lancés à la recherche de satisfactions immédiates (le couple en instance de divorce), ou simplement défaitistes (le policier).
Aucun apaisement n'est vraiment esquissé et on sort lessivé de la salle de cinéma ! Avec des souvenirs d'images pourtant magnifiques, car le cinéaste, comme à son habitude, soigne toujours le visuel avec grâce...