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J'ai bien aimé deux films, récemment.

La forme de l'eau (Guillermo del Toro)

Voilà une nouvelle visite du mythe de “la Belle et la Bête”. Sur fond de guerre froide. Avec la fin très romantique propre à beaucoup de contes se terminant bien. Un film simple par l'histoire (le pitch), mais joliment narré : les genres y sont joyeusement mélangés (conte, histoire d'amour insolite, fantastique, guerre froide, ...), le rythme est enlevé, les personnages — certes pas très “profonds” — sont attachants et surtout magnifiquement incarnés. Incarnés : c'est le mot, car les sensations, le plaisir des corps, sans aucun voyeuriste toutefois, sont au cœur du film ; certains personnages aiment manger, d'autres se découvrent par le toucher, l'eau glisse souvent sur les corps (piscine, pluie), d'autres puent tandis que se putréfie une partie d'eux-mêmes...

J'ai beaucoup aimé le visuel du film (comme toujours chez Guillermo Del Toro) : les décors, les lumières, le jeu des acteurs (en particulier celui de l'actrice incarnant l'héroïne, Sally Hawkins). Sans oublier les clins d'œil pour cinéphile : le pastiche du film d'espionnage, celui des adaptations anciennes de "Jules Verne", celui du conte... Beaucoup aimé enfin les personnages attachants du film, tous plus ou moins en marge : une muette dégourdie sans en avoir l'air, un peintre peu chanceux mais très fidèle en amitié (et homo), une amie noire à grande gueule mais tellement protectrice, un espion russe pas si "dur" que ça. Et un méchant qui pourrit des doigts (!) et dont on se délecte (!!)...

Un film de cinéaste inspiré, vraiment, pour amateurs de genres mélangés, de décalages surprenants, et donc, d'imaginaire insolite...
  

Tout le monde debout (Franck Dubosc)

Les comédies avec Franck Dubosc, je l'avoue, m'ennuient passablement, d'habitude. Mais cette fournée-là, titrée "Tout le monde debout", m'a convaincu que le gaillard avait de vraies qualités de cinéaste. Sa manière habile de s'entourer de femmes vraiment épatantes, à commencer bien entendu par la lumineuse Alexandra Lamy (mais encore Elsa Zylberstein, Caroline Anglade), plaide en sa faveur. Mais aussi l'abandon (partielle) de l'image agaçante du crâneur très fat qui colle comme un chewing-gum un peu dégueu aux personnages qu'il a trop souvent incarnés. Le regard empathique porté sur le handicap physique est également intéressant. De même que, dans une veine plus acide, sur le business des miracles (Lourdes)...

Enfin, les petits rôles sont délicieux, et les acteurs qui les incarnent font très plaisir à regarder : Gérard Darmon en médecin bien terre à terre, François-Xavier Demaison en prêtre pas dupe, et surtout Claude Brasseur en petit vieux rigolo qui perd progressivement la tête, mais pas sa gouaille !

Bref, je ne me suis pas du tout ennuyé, et l'envie m'a pris au sortir du film de dire combien j'ai apprécié d'être heureusement surpris par un histrion faisant montre de sa finesse d'esprit.