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Dans le mur ?

L'article publié dans la rubrique PREMIER PLAN du n°3603 de Télérama (30/01/19) interpelle vraiment. Il m'a semblé important de m'en faire l'écho, à l'heure où l'on parle de citoyenneté dans les débats que vous savez.

Par Emmanuel Tellier (Télérama 3603, 30/01/19)

C'est un chiffre terrible, une réalité que personne, dirait-on, ne veut regarder en face : il y aurait, en France, près de deux millions huit cent cinquante mille « jeunes » (2 850 000 !) – des citoyens âgés de 15 à 34 ans – sans emploi ni formation. Ce n'est pas le gouvernement français qui en parle (ou alors pas assez !), ce sont des experts de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) qui viennent de mettre sous nos yeux cette vérité qui fâche. Une réalité dont les enseignants du secondaire et du supérieur se désolent pourtant dans l’intimité des salles des profs – que deviennent chaque année les centaines de milliers de « décrocheurs scolaires » qu'ils ont vu passer sur les bancs ? Les parents, la famille, les proches, eux non plus, ne peuvent esquiver le sentiment d”échec, de désarroi : « Où avons-nous failli ? », « Qu’est-ce qui n'a pas fonctionné ? », se demande chacun. Mais collectivement, en parlons-nous assez ? Sommes-nous suffisamment saisis par la honte que devrait nous inspirer ce chiffre étourdissant ?

Dans une nation de 67 millions d'habitants, les 15-34 ans représentent 16 millions de personnes. Ce sont donc 18 % de ces jeunes gens (près de un sur cinq !) qui se trouvent dans ce triangle des Bermudes que les spécialistes appellent les « trois NI ››: ni en emploi, ni en enseignement, ni en formation. En Allemagne, où l’apprentissage est fortement valorisé, ils ne sont que 7%. Là-bas, comme en Suisse, la « deuxième chance » est plus qu'un slogan : même adulte, on peut repartir de zéro et suivre une formation dans un métier pourvoyeur d”emploi. Il y a urgence, en France, à requestionner – et revitaliser – les parcours éducatifs et la politique de formation : ce sujet brûlant ne devrait-il pas être au cœur du grand débat national ?

► Je ne suis pas certain que la honte soit la meilleure des conseillères, et n'ai pas de solution à proposer à mon petit niveau, mais ce qui me paraît assuré, c'est que ce n'est pas en détournant les yeux de cette réalité qu'on la résoudra ! Quels lendemains se prépare-t-on en laissant pourrir cette situation ?

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