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Encore une information alarmiste ?

Un article de Télérama qui se fait l'écho d'une publication dans la revue Biological Conservation a attiré mon attention ; Je m'en fais l'écho à mon tour, non que j'aime jouer l'oiseau de malheur, mais, au risque de rendre tout à fait banal et donc inaudible ce type d'info, j'estime nécessaire d'encore et encore la relayer.

Sauterelles de Sardaigne

« Des sauterelles de Sardaigne...
Bientôt, n'en restera-t-il plus que deux ? »

Faut-il dire adieu aux coccinelles, aux sauterelles, aux bourdons, aux papillons ? Un rapport international, publié dans la revue Biological Conservation et rassemblant soixante-treize études scientifiques, met des mots et des chiffres sur ce que des chercheurs avaient déjà surnommé « le syndrome du pare-brise », en référence à la disparition observée des impacts d'insectes sur les pare-brise.

Le constat est vertigineux. D'ici un siècle, les insectes pourraient avoir totalement disparu. Leur taux de mortalité est huit fois plus rapide que celui des mammifères ou des oiseaux. La faute à l'agriculture intensive et à ses pesticides toujours plus performants pour tuer, à l'urbanisation, au changement climatique. Cet effondrement « catastrophique » a lieu partout : de Porto Rico, où 98% des insectes ont péri depuis trente-cinq ans, à l'Allemagne, où 75% d'entre eux ont disparu des zones protégées. Massif, accéléré, il concerne les êtres invisibles à nos yeux — et donc à nos consciences — auxquels, d'ordinaire, nous accordons peu d'attention.

Des êtres souvent minuscules mais essentiels au fonctionnement de tous les écosystèmes, impénétrables mais omniprésents et co-créateurs de notre monde. Les voir disparaître, c'est voir s'éteindre, par un effet domino, une partie des oiseaux, des poissons, des reptiles qui s'en nourrissent, et c'est aussi mettre en danger la diversité de nos alimentations — 84% des espèces cultivées en Europe dépendent des pollinisateurs. Alors oui, comme le rappelle la récente pétition « Nous voulons des coquelicots » (pour l'interdiction de tous les pesticides), déjà signée en France par plus de cinq cent mille personnes, « ce monde qui s'efface est le nôtre ». Moucherons, abeilles ou humains, nous sommes tous dans le même bateau.

Weronika Zarachowicz (Télérama 3606, p.11 - 20/02/2019)


··· Crédit photographique :
©Gianluca Colla (National Geographic Creative)