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Film noir, illuminé de quelques éclairs de lumière décisifs ?

Sit transit gloria mundi", tel est le titre complet du film qui, pour l'affiche, n'a gardé lisiblement que "Gloria Mundi" ; soit : "Ainsi passe la gloire du monde", phrase appartenant à un rituel catholique pour évoquer la fugacité des choses (de la gloire notamment) sur cette Terre. De fait, "Gloria Mundi" est un film sombre, où le désenchantement de bien des personnages transpire au point de (peut-être) contaminer le spectateur.

Mais "Gloria" est aussi le nom de la nouveau-née du film : une petite fille née d'un jeune couple (Anaïs Demoustier et Robinson Stévenin) ; c'est elle qui va concentrer les rais de lumière qui viennent teinter en plus clair le nouveau film de Robert Guédiguian. Comme un espoir ?

Dans "la Villa", le cinéaste nous contait (entre autres) combien il était déroutant pour les "anciens" de voir la solidarité se déliter peu à peu, et déserter de plus en plus la vie de tous les jours. Dans "Gloria Mundi", il a choisi de s'intéresser à la relève de ces mêmes anciens, les jeunes d'aujourd'hui, et l'on voit des êtres soit presque noyés, soit à cran, soit individualistes au possible, en tout cas jamais vraiment "attachants", même si, fidèle à lui-même, il donne vie à des personnages qui ne sont jamais tout d'une pièce, et mettent des doses variées de cynisme et/ou d'amour dans leur manière d'être. — Du reste, l'ancienne du groupe, au nom de la sauvegarde de sa famille, ne renonce-t-elle pas à soutenir ses collègues lorsqu'ils tentent de protester contre leurs conditions de travail ?

La narration, toujours remarquablement maîtrisée par le cinéaste, est — comme à l'accoutumée —, constamment très proche des personnages, sous le regard (une trouvaille !) d'un repris de justice fraîchement libéré, qui épie ce monde tendu à bloc qu'il découvre après une longue période d'isolement carcéral. Ce personnage peu locace, qui se reconnaît dans l'écriture des haïkus (ceux cités dans le film sont tous très beaux !), qui tente de renouer avec ceux qu'il a aimés et côtoyés avant de "tomber", est d'une beauté remarquable ; joué par un Gérard Meylan marmoréen, il a emporté sans difficulté ma totale adhésion, lui qui cherche à s'impliquer dans cette vie "étrange" tout en s'en tenant comme à l'écart, par pudique prudence. On peut critiquer la fin du film, entièrement construite autour de ce personnage, mais elle rappelle, il me semble avec grande justesse, que le cinéma reste un art, et que, aussi proche soit-il du mime parfait de la vraie vie, il reste un "trucage" ; comme si Guédiguian, cherchait à montrer un peu ses "ficelles" et nous inviter à réfléchir non à son film mais à ce qu'il évoque Réellement de la vraie vie. Je n'en dirai pas plus de peur de trop dévoiler cette conclusion.

Pour la sensibilité du film, la légèreté de la mise en images, le refus du cinéaste de démontrer en se contentant de montrer, il faut aller voir "Gloria Mundi", sauf si l'on est soi-même par trop partisan d'une vie à cran (ou à 100 à l'heure), auquel cas tous ces "anciens" énerveront certainement.


► La fiche ALLOCINÉ sur le film :
      http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=269632.html