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dimanche, 22 octobre 2017

“Auprès de moi toujours” : un roman à découvrir

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Un roman formidable : « Auprès de moi toujours »

Couverture de roman

Écrit à l'origine en anglais par l'écrivain britannique Kazuo Ishiguro, ce roman s'appuie sur une astuce (= un artifice, un procédé) littéraire très simple : le monde décrit ressemble terriblement au nôtre, mais n'est pas le nôtre. Et de là naît très rapidement une sorte de malaise (délicieux pour le lecteur) qui ira en s'amplifiant à mesure que le "secret" sera dévoilé, pudiquement, en toute simplicité, presque banalement ; de là, encore, la fascination étrange que suscite le récit, lent, minutieux, d'une très grande maîtrise dans l'écriture.

Dans ce récit, nulle révolte, presque aucun conflit entre les personnages (mais aucune platitude dans la description de leurs relations, subtilement explorées), juste l'évolution psychologique depuis l'enfance jusqu'aux dix premières années de l'âge adulte d'un groupe d'enfants "particuliers", élevés avec grande bienveillance par des "gardiens" dans une institution où la vie est douce et protégée. Tout est raconté par Kath, l'une de ces enfants, qui, adulte, se retourne sur son passé, sans qu'il soit dit clairement pourquoi elle fait cette démarche : on la sent à la recherche de sens, poussée aussi par une volonté de partage (elle s'adresse parfois au lecteur). En fait, Kazuo Ishiguro, avec grande délicatesse, nous met face à des questions majeures : qu'est-ce qui fait de nous des humains ? Comment réagir face à ce que la société accepte comme une évidence, mais qui pose un vrai problème éthique pour peu qu'on y réfléchisse ? Des questions majeures donc, mais sans jamais se montrer didactique ou moraliste, sans AUCUNE lourdeur, sans recherche d'effets sinon celui de ne pas en faire, avec une finesse extraordinaire, toute teintée de mélancolie, et en laissant le lecteur libre de réfléchir.

Un grand texte, assurément, mais exigeant du lecteur patience et empathie ! Pour ma part, la fascination réelle qu'a exercée le récit sur moi m'a conduit sans aucun ennui au terme de l'histoire, mais j'ai lu (ensuite) ici ou là que la lecture avait été un peu longuette pour certains.

Je ne connaissais pas cet écrivain, et ce sont les projecteurs du Prix Nobel de Littérature 2017 qui ont attiré mon attention sur lui. Je ne suis pas vraiment déçu ! En outre, la langue de la traductrice du roman anglais ("Never let me go", 2005) est simple et limpide : je suis incapable de juger de la qualité de la traduction, mais elle sied bien au propos. Merci donc à Anne Rabinovitch.

Je ne suis pas un grand angliciste –loin s'en faut !–, mais je trouve le titre anglais vraiment intéressant : "Ne me laisse jamais partir !" ; à la fois semblable à un refrain de chansonnette un peu sotte, et chargé d'un sens tout particulier quand on a lu le livre, puisque le thème du départ définitif y est très présent !

  

>> Pour aller plus loin :

  
>> Quelques critiques du roman :

  
>> Film d'après le roman : “Never let me go”
(Mark Romanek, GB-USA, 2010)

mardi, 4 juillet 2017

Fred Vargas et ses araignées recluses...

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Polar j'aime, polar je lis

Décidément, l'auteur Fred Vargas me plaît toujours autant.

Son dernier polar, "Quand sort la recluse" (Flammarion), m'a enthousiasmé : c'est visiblement un livre qui a été écrit pour se faire plaisir ; on imagine bien l'écrivaine tout sourire pendant la rédaction.

Jeux sur les mots, personnages hauts en couleurs (y compris les plus secondaires), dialogues pimentés, situations burlesques, de l'érudition aussi, et une manière enjouée de rire de l'intrigue... bref, tous les ingrédients nécessaires à une grande jouissance de lecteur cherchant à se détendre.

La presse s'étant souvent montrée enthousiaste pour le bouquin, il est inutile que j'en rajoute, je vous y renvoie...

Cliquez par exemple sur ce lien-ci pour voir ce qu'affiche le très bon moteur de recherche Duckduckgo (non, ce n'est pas une blague, c'est bien son nom !)...

F. Vargas et son roman

♦ Disponible aussi en Ebook.
 

Fred Vargas, sur Wikipedia

samedi, 22 avril 2017

Un roman brillant : "Dans la forêt", de Jean Hegland

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Un roman de grande qualité, à lire d'urgence

Le roman de Jean Hegland, titré "Dans la forêt" dans sa traduction par Josette Chicheportiche, n'a pas tout récemment été écrit : sa publication aux États-Unis date de 1996 ! Et pourtant, voilà un livre qui percute le lecteur d'aujourd'hui avec une puissante extraordinaire : c'est une espèce de robinsonnade dans laquelle, certes, la mer est absente, mais où est mise en scène la solitude liée à l'isolement qui frappe deux (grandes) adolescentes à la suite de la disparition des moyens modernes de communication et de fourniture d'énergie, alors qu'elles vivent au milieu d'une forêt qui les tient à l'écart de la ville la plus proche.

La grande force du roman naît à mon avis du fait qu'il se garde constamment de tout objectif didactique ou moraliste : la situation étant ce qu'elle est, les personnages cherchent à survivre du mieux possible, s'appuyant notamment sur l'énergie propre à la jeunesse. Point de lyrisme exagéré, ni de poésie alanguie : on suit au plus près les petites choses de la vie de tous les jours, avec minutie mais sans longueurs. Et les quelques "événements" majeurs du livre sont toujours amenés avec naturel (on n'a jamais l'impression que c'est une ficelle pour relancer l'intérêt). Et que dire de l'évocation de la forêt, omniprésente : un vrai plaisir pour qui aime la nature !

Un grand roman d'apprentissage, assurément !

Pour aller plus loin, suivre les liens suivants :

Publié en livre-papier (pas d'édition de poche, pour l'instant) et en Ebook.

Dans la forêt

mardi, 18 avril 2017

Une série de BD et un roman d'anticipation

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Une série de BD d'anticipation qu'on peut rapprocher d'un roman de SF "jeunesse".

Une série de BD vient de trouver son terme (jusqu'à nouveau rebondissement dans la série à venir prévue) : Mermaid Project (Dargaud, 5 tomes).

Vous pouvez retrouver un descriptif détaillé de la série sur  BeDeTheque.com.

T1 T2 T3
T4 T5 Dargaud Ed.

Il y est question de manipulations (secrètes) du vivant par une grosse entreprise sans scrupules, à laquelle des agents spéciaux vont s'attaquer, notamment parce qu'ils sont touchés dans leurs liens affectifs. Le monde décrit est proche du nôtre, même si la répartition des rôles (politiques, policiers, etc.) s'amuse à bousculer les choses. Le milieu marin est très présent, le dessin est épatant (trait : Fred Simon ; couleur : Jean-Luc Simon), et  le scénario est loin d'être idiot (Leo et Corine Jamar).

C'est édité chez Dargaud, et paru en 5 tomes d'une quarantaine de pages chacun.

   

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Un roman "jeunesse" qui joue efficacement sur nos angoisses par rapport aux manipulations du vivant.

Une trilogie romanesque, née de la plume de Michelle Gagnon, démarre avec "Expérience Noa Torson, T1 : Ne t'arrête pas". Elle met en scène des manipulations effectuées sur des êtres humains en vue de combattre une maladie épidémique qui frappe les adolescents. Les personnages sont jeunes, très doués en informatique, très au fait des nouveautés high-tech (lesquelles sont très proches des nôtres). Le réseau de relations qui se crée petit à petit autour de Noa Torson, solitaire fondamentale, est des plus sympathiques. Le suspense est bien conduit et l'histoire se lit facilement, en dépit de réguliers mais momentanés abandons d'un personnage pour en suivre un autre...

C'est édité chez Nathan (trois tomes), dans une traduction de Julien Chèvre .

Vous pouvez retrouver un avis intéressant sur  Ricochet-jeunes.org.

Tome 1